Accueil > Projets > Edition de comptes de Lamballe > Introduction aux comptes de la seigneurie de Lamballe de 1575 à (...)
La gouvernance qui suivit la mort du duc d’Estampes fut représentée par l’accession de Sébastien de Luxembourg, marquis de Beaugé et vicomte de Martigues, probablement né autour de 1528, fils de François de Luxembourg, de la maison de ce nom, qui avait épousé en 1526, Charlotte de Brosse, soeur de Jean de Brosse, duc d’Etampes. Il succède à son oncle au comté de Penthièvre et dans la charge de gouverneur de Bretagne, fonction qu’il eut dès le 20 mars 1562. Très occupé à guerroyer dans le royaume contre les huguenots, il vécut très peu à Lamballe. Atteint par un tir d’arquebuse le 29 novembre 1569, il succombera à sa blessure. Son épouse Marie de Beaucaire lui succède comme duchesse douairière du Penthièvre. C’est elle que l’on voit paraître dans les titres de cette époque, auréolée des titres de dame de Martigues, duchesse de Penthièvre, marquise de Baugé, baronne des Essars et de Couetmen.
Jusqu’à présent les comtes de Penthièvre puis leurs successeurs organisaient leur administration comptable autour d’un financier que l’on désignait alors argentier puis receveur, attaché à chacune des seigneuries du domaine (Lamballe, Moncontour etc...). Ce dernier, chargé d’établir un compte, touchait annuellement une « pension » ou « gage », correspondant à un salaire. A la mort du duc d’Etampes, avec l’arrivée du vicomte de Martigues, il semble qu’il y ait eu à ce moment une grande modification dans la gestion du domaine érigé en duché en 1569. En effet, Sébastien de Luxembourg manifestement occupé par les guerres et ne résidant que peu souvent à Lamballe, délégua largement pour l’administration de son duché. Désormais les seigneuries du duché seront affermées à un receveur moyennant une ferme annuelle payable au seigneur propriétaire du duché et l’ensemble de ce dernier placé également sous la direction et autorité d’un « super intendant des affaires du duché ». Il en fut de même pour toutes les fonctions liées à l’administration tels les officiers (sénéchal, alloué, procureur etc..) et autres, que leurs titulaires obtenaient, charges obtenues moyennant payement au seigneur propriétaire. Il semble cependant que ce type de contrat eut des précédents. En effet, en 1521, Jean Visdelou prenait à ferme dans le même temps, les seigneuries de Lamballe et de Moncontour pour 3090 livres par an (AD22 1 E-84, compte 1521-1524, f°1°-2 ; supra ; E-20 et E-78).
Concernant l’administration propre du domaine, Jean de Brosse, duc d’Etampes avait un peu changé les choses, notamment pour les bâtiments domaniaux, avec des nouvelles acquisitions ou cessions (ventes, échanges ou dons de moulins entre autres, voir infra) et la création de nouvelles résidences associées à des métairies (Lanjouan, Bocage pour Lamballe et Beaumont en Erquy). Plus tard, en 1577, le duc et la duchesse de Mercoeur obtinrent même des lettres du roi Henri III, leur permettant ainsi qu’à leurs successeurs, d’instituer dans leur duché « certains personnages qualifiés et expérimentés » pour examiner et juger les comptes de leurs receveurs, l’appel de ces jugements devant être portés en Parlement (AD22 1 E-28).
Bien que dépassant le cadre de cette étude, il faut cependant évoquer l’affaire Prigent Boterel. Au cours de sa gouvernance Marie de Beaucaire dut se résoudre à solder un contentieux qui aurait existé entre un certain Prigent Boterel et les derniers princes de Penthièvre. En effet, en 1575, Marie de Beaucaire fut contrainte de se soumettre dans l’urgence, par crainte d’un procès, à une transaction concernant la gestion ancienne de son duché. En effet, le 24 mars 1575, au château de Lamballe, fut passé acte pour donner suite à cette affaire en présence du sénéchal du Penthièvre Jean Le Provost et du greffier civil Jean Bouteiller. Elle déclarait alors « qu’elle était contrainte dans deux jours s’acheminer à la court vers la Majesté du Roy, pour le mariage de sa fille » ajoutant même qu’à cette occasion il fallait « entrer en grandes dépenses de deniers ». La partie adverse était représentée par Jean Boterel sieur de Beauvoir, fils de Prigent Boterel qui pendant 30 ans avait géré les affaires des feus duc d’Etampes (Jean de Brosse) et duc de Penthièvre (Sébastien de Luxembourg, son neveu) et qui se prétendait leur créancier pour 40 ou 50.000 livres. Craignant le retardement de son voyage et les dommages d’un procès, elle se résolut à un accord (AD22 1 E-57). Dès 1572 elle chargeait Olivier de Tronguidy de recouvrer les casuels arrérages et autres droits négligés ou non payés depuis 30 ans. Pour l’encourager dans ses recherches, elle lui abandonnait le tiers (AD22 1 E-77). Le compte 1575-1576 nous apprend qu’une somme de 3700 livres tournois fut versée au dit Boterel (AD22 1 E-85 ; compte 1575-1576, f°4). Les archives indiquent que la ferme de la seigneurie de la Roche-Suhart et du comté de Plourhan fut consentie au château de Lamballe par Sébastien de Luxembourg à Prigent Boterel sieur de Beauvoirs, le 7 novembre 1566, pour une durée de six ans, à commencer le premier janvier 1566, moyennant la somme de 2000 livres par an (AD22 1 E-1218). Jean Boterel sieur de Beauvoir fit hommage au duc de Mercoeur, le 27 juin 1583 pour la maison et métairie nobles de Beauvoir en la paroisse de Plourhan relevant du comté du même nom sous la Roche-Suhart (AD22 1 E-1301). Le 29 septembre 1553 Prigent Boterel reçut du duc d’Etampes, l’office de procureur fiscal de la Roche-Suhart (AD22 1 E-1223). Le 29 décembre 1556, il afféagea à ce dernier, la tenue et bailliage de la Ville-Morel, celui-ci se réservant la haute justice, à la charge pour le sieur de Beauvoir de fournir outre les devoirs féodaux ordinaires, un « gant d’oiseau » (gant à fauconnier) le premier janvier de chaque année (AD22 1 E-1301). Dès 1560, il est receveur de la Roche-Suhart ; pour preuve, le 15 avril de cette même année, fut produit un état des deniers que le sieur de Beauvoir, receveur devait recevoir pour les aliénations faites par le duc d’Etampes dans l’étendue de la Roche-Suhart avec un reçu de ce dernier, de la somme de 500 livres tournois, signé de sa main (AD22 1 E-1225 ; avec signature de Jehan de Bretaigne). Cette famille Boterel est présente à la maison de Beauvoir dès 1459 où l’on trouve Pierre Boterel ou Bothorel, descendant de la famille de Quintin. Les Bothorel portaient : de gueules à la croix de Toulouse d’or vidée, cléchée et pommelée. Les Quintin y ajoutèrent un franc quartier chargé d’un lion de gueules (Hélary Fernand, Plourhan Comté de Goëlo, Association « Les Amis du Vieux Plourhan », 1994, p. 34).
Louis du Guémadeuc
Le premier grand personnage qui apparaît sous la gouvernance de Sébastien de Luxembourg et de Marie de Beaucaire fut Louis du Guémadeuc seigneur du Vaumadeuc en Pléven.
Louis du Guémadeuc semble être le petit-fils de Roland VIII Madeuc seigneur du Guémadeuc en Pléneuf et de Catherine de Rostrenen. Le fils de ces derniers, François se maria à Madeleine de la Croix, dame de Parvillé, paroisse de Pléven, évêché de Saint-Brieuc. Selon la Généalogie des Budes, d’eux est issue la branche du Vaumadeuc. En effet, lors de la réformation de Pléven, le 4 mars 1536 (n.s.), il était mentionné : « La maison et métairie de la Puralaye, appartenant à François Madeuc, sieur du Vau-Madeuc, personne et maison nobles » (Lorent et Floury, p.410 ; Bibliothèque Municipale de Saint-Brieuc, mn N°31, f°196v°-197r°). Plus tard, en 1547, dans l’aveu rendu par Claude d’Annebaud et Françoise Tournemine, sa femme, concernant les biens de la Hunaudaye en la paroisse de Pléven, il est mentionné que Madeleine de la Croix, tutrice de Louis Madeuc, son fils, y est redevable sur les clos Even (AD22 1 E-131, f°7). Leur fils, Louis de Guémadeuc, chevalier, seigneur du Vaumadeuc, fut présent lors de la donation mutuelle de leurs biens entre Julien du Breil et Marie Ferré, le 18 janvier 1570 ; présence également de Thomas du Guémadeuc, vicomte de Rezé. (Généalogie de la Maison du Breil, p. 167-168). On lui doit probablement la construction actuelle du manoir en Pléven. Louis du Guémadeuc épousa Françoise de Mars ; en mai 1573 Françoise de Mars dame du Vaumadeuc et de la Ville-Maupetit paraît en l’église Notre-Dame de Lamballe, comme marraine de Guillaume Bouillye, fils de Guillaume et de Guillemette de Couespelle seigneur et dame des Portes (AD22 salle virtuelle, registres des baptêmes de Notre-Dame de Lamballe, liasse 1520-1648, vue 138 ; 11 mai 1573). Il est probable que cette dame fut la fille de François de Mars maître d’hôtel et procureur spécial du duc d’Etampes jusqu’à la mort de ce dernier ; il occupa cette fonction dès les années 1550-1553 (AD22 1 E-84, compte 1550-1553, f°14) et même peut-être avant, le dernier compte précédent conservé (1538-1545) n’en faisant pas état.
Selon certains auteurs, le manoir du Vaumadeuc en Pléven aurait été construit par Roland V sur une terre acquise du sieur de la Ville-Néant (ou par ce même François Madeuc selon d’autres auteurs). A la réformation de 1444, son épouse Honorée de Montboucher, paraît pour ce lieu noble de la Ville-Néant. A sa mort, le Vaumadeuc passa à l’un des fils cadets dont on ignore le nom (Motte Rouge et Le Gal La Salle, 1977, p.389).
Les comptes de ce puissant personnage furent apurés avec quelques difficultés après sa mort et un procès se déroula devant le Parlement de Bretagne entre sa veuve et douairière, Françoise de Mars, dame du Pont-Ménard, remariée à un certain Jean Troussier et sa soeur héritière, Claude du Guémadeuc et Mme de Martigues. En effet, plusieurs procédures s’y déroulèrent :
Olivier de Tronguidy
A la mort de Louis du Guémadeuc, un autre personnage de premier plan apparaît au devant de la scène administrative de la seigneurie de Lamballe, un certain Olivier de Tronguidy. Ce notable est présent dans les comptes dès les années 1564-1565 où on le voit cité comme greffe (AD22 1 E-8, compte 1561-1564, f°58). La famille Tronguidy ou Troquindy était originaire du Trégor (Jehan de Troguindy est dit seigneur de Lannion en 1484). Cette famille est présente à Lamballe dès 1554. En, effet le rôle de la censie de Lamballe, pour cette année, indique la veuve et les enfants de Pierre Tronguidy possédant trois maisons (une rue du Four, une seconde rue Notre-Dame et la troisième près du Martray) tandis qu’un certain Guillaume Tronguidy fils de Jean dit l’aîné, déclare une maison à Bario (AD22 1 E-181, censie de 1554, f°12, 12°, 19).
Olivier de Tronguidy se déclare sieur du Bignon (Meslin) et épouse Jeanne Bricquet (probablement de la maison de la Moissonnière en Morieux). En 1570, Olivier de Tronguidy obtient la charge de fermier de la seigneurie de Lamballe. A partir de ce moment commence son ascension sociale (voir infra)
Tronguidy et Le Vavasseur étaient voisins. En effet Olivier Tronguidy et sa femme résidaient aussi dans le bas de la rue Notre-Dame, qui faisait jonction entre cette rue et l’impasse du Ha-Ha.. Leur demeure fut brûlée lors des troubles de la Ligue ainsi que Jeanne Bricquet en témoigne dans son compte rendu en 1594 (AD22 1 E-414). Par ailleurs le couple possédait divers biens en ville dont trois autres maisons (Basse Rue, rue du Lion d’Or et rue du Val) ainsi que des jardins dont celui dit de l’Arbalètrie (AD22 1 E-506-507). Guillaume Levavasseur portait également le titre de sieur de Pontilly. Dès 1583, il possède la maison de la Moissonnière en Morieux, bien qui appartenait en 1555 à Jean Bricquet (AD22 1 E-525, f°38°). Ce dernier personnage avait été secrétaire du duc d’Etampes (AD22 1 E-84, compte 1557-1561, f°4° et suivants).
En cours de ferme, il dut obtenir le titre de « receveur et fermier » de la seigneurie de Lamballe. En effet, le 1er mai 1572, Marie de Beaucaire, tutrice de Marie de Luxembourg, sa fille, donnait procuration à Olivier de Tronguidy alors « receveur et fermier de la seigneurie de Lamballe et de la seigneurie de Saint-Melaine y annexée », comme « agent solliciteur et receveur en la seigneurie de Lamballe ». Il fut alors chargé de faire un état des revenus « depuis les trente ans passés à compter du 1er juillet 1570 dernier passé. ». Il s’agissait de recouvrir « des droits de rentes et arrérages de celles-ci, rachats, sous rachats, lods, ventes, octrises, aulveynes, confiscations, émoluments, honneurs et obventions de fiefs, juridiction et seigneurie ordinaire et extraordinaire ». Madame de Martigues s’engageait à lui remettre le tiers pour ses vacations (AD22 1 E-77, pièce papier, copie). A cette date, Louis du Guémadeuc est toujours super intendant des affaires de Marie de Beaucaire au duché (AD22 1 E-77, pièce papier, copie). Plus tard, le 9 janvier 1577, d’autres lettres confirmaient l’institution d’Olivier de Tronguidy dans cette charge où Marie de Beaucaire se présente alors comme procuratrice du duc et de la duchesse de Mercoeur (AD22 1 E-77, pièce papier, copie).
Le 15 septembre 1570, un moulin à vent appelé le moulin Turquays avec son distrait, situé en la paroisse d’Erquy, lequel vaut selon la ferme, 39 pérées 3 quarts 3 godets froment par an, « mesure de Lamballe dont les 2 pérees font la charge de cheval ».
Marie de Beaucaire acquit par « puissance de fief », une juridiction en la paroisse de Morieux, acquise de défunt Alain Bertho sieur de Cargouët, qu’il avait acquis de François de Maigne sieur de la Ripviere et de Julienne Poulain dame de la Ville Salmon, rente estimée par deniers (12 écus par an) et par grains appréciés à Noël (rente mangière de 11 pérées un boisseau de blé méteil). Chacune pérée appréciée à 50 sols tournois pour les années 1571 et 1572 et 44 sols tournois pour les années 1573 et 1574.
La maison de Beaumont en Erquy, valant par deniers chacun an, 20 pérées de froment qu’elle « racquita » le 11 novembre 1570 ( ?), de Pierre Bigou, « valet de chambre de feu monseigneur le duc d’Etampes ».
Le 6 juillet 1571, Marie de Beaucaire racheta les terres de Saint Palle, de Guillaume Levavasseur qui les avait acquises d’une vente « faite du temporel » du prieur de Saint-Martin et estimée valoir 16 pérées froment et quinze chapons par an, ces derniers estimés 5 sols.
Le 16 juillet 1571, Marie de Beaucaire retira à Isabeau Hucher 100 livres 10 sols de rente et 33 pérées froment mesure de Lamballe que le duc d’Etampes avait vendues à Thomas Le Bottey son mari, rente assise sur les moulins du Pont Neuf.
Le 5 juillet 1577, elle racheta « la vente du temporel » du prieur de Saint-Martin concernant une rente de 5 pérées de froment.
Dans cet état, il est également fait mention mais sans détail ni explication, de rentes faites quelques années plus tôt. Notamment d’une rente à une certaine demoiselle Guilleberte Baudrevit dame Levoucourt pour les pauvres de l’Hôtel-Dieu de Paris auxquels Jacques du Buisson (il s’agissait de l’argentier du duc d’Etampes) avait donné 100 livres de rente. Y est aussi évoqué un « racquit » fait de demoiselle Marie Symonnet veuve de Me Florian Le Charron receveur général de Bretagne.
Signatures de : O. Tronquidy, fermier et receveur général de la terre et seigneurie de Lamballe ; J. Le Provost, sénéchal ; Boullye, alloué ; Jamin.
Olivier de Tronguidy prit également la ferme de la seigneurie de la Roche-Suhart au moins à deux reprises :
Le 13 août 1588 Olivier de Tronguidy acheta le prieuré de Saint-Martin ainsi que les fief et juridiction s’étendant sur les paroisses de Saint-Martin, Maroué et Andel et avec ce fief toutes les rentes de Toussaint, celles de Noël et de la mi-carême, notamment ces 8 livres 10 sols fixées en 1214 par Pierre Mauclerc pour « droit de gardaige ». Le four à ban du prieur fut également vendu ; le tout pour 287 écus, fief et la juridiction (AD22 1 E-384 ; J.P. Le Gal La Salle, Histoire du prieuré et du bourg de Saint-Martin de Lamballe, Bulletin des Amis de Lamballe et du Penthièvre, 1982, N°9, p. 77). Olivier de Tronguidy possédait dans la paroisse de Saint-Martin, au coin de la Venelle aux Bœufs, une grande maison ou plutôt un ensemble de bâtiments imbriqués, divisés aujourd’hui en plusieurs propriétés. .Il reste de l’époque XVIIème, une petite tourelle et une porte de pierre de taille donnant sur la venelle. En 1604, cet ensemble appartenait à Guillaume de Tronguidy, son fils (J.P. Le Gal La Salle, Histoire du prieuré et du bourg de Saint-Martin de Lamballe, Bulletin des Amis de Lamballe et du Penthièvre, 1982, N°9, p. 91-92).
Olivier de Tronguidy décéda en cours d’exercice ; sa veuve prendra le relais pour la déclaration des comptes (AD22 1 E-417). Dans les années qui suivirent, il semble que cette dernière eut quelques difficultés pour apurer les comptes de son époux aussi voit-on apparaître diverses procédures avec Marie de Luxembourg duchesse de Mercoeur. Lors d’une demande de remboursement de ses frais (1000 livres) elle invoque ses plusieurs déplacements faits à Nantes, pour la tenue de ses comptes, elle et ses enfants et ce pour une durée globale de huit mois (AD22 1 E-85, Refus, f°8°). Dans cette configuration elle fut obligée de céder le fief du prieuré de Saint-Martin à la duchesse de Mercoeur, le 23 septembre 1594 (AD22 1 E-384).
Successeurs d’Olivier de Tronguidy à la ferme de Lamballe 1593-1602
Jacques Halna
Le 19 avril 1593 (Note personnelle : la chemise indique la date du 21 août 1593), Guy de Lesmelleuc sieur de L’Etang procureur fiscal de la cour de Lamballe faisait état du déroulement de l’adjudication de la ferme de la seigneurie de Lamballe, pour une durée de six années à commencer au 1er juillet 1594 et qui fut consentie à noble homme Jacques Halna sieur des Portes (Maroué), moyennant la somme de 2500 écus par an, à payer par moitié en deux termes (à Noël et en juin à la saint-Jean-Baptiste). Les enchères eurent lieu entre Jean Le Bottey et Jacques Halna ; celles-ci se déroulèrent le 15 juin avec une proposition d’Halna à 2000 écus puis surenchères (Le Bottey, 100 ; Halna, 50 ; Le Bottey, 50, Halna 25 ; montant adjugé 2225 écus ; au final, il fut consenti par les deux parties, au vu des divers « points » du mémoire, que la ferme s’élèverait à 2500 écus par an). La date de ratification de la ferme est effectivement datée du 21 août 1593 (voir infra).
En souvenir des années troubles que subit la ville (1590-1591) il fut stipulé « qu’au cas que le chasteau de ceste ville seroict prins ou surprins par les ennemys du St party (ce que Dieu ne veille) ne sera tenu le dit Halna que a rendre compte de ce qu’il auroict touché ou pourroict toucher durant le temps de la détention du dict chasteau. Aussi que par si par cas fortuyt soyt d’eau ou feu ou grande innondation d’eau ou bruslemant qui randroyent ou ruyneroient du tout les choses ou les inconvenians arriveroient et randroient les choses du tout inutilles ausquelles la prevoiance ordinaire des hommes ne pourroict donner ordre icelluy Halna auroict diminution du pris de la dicte ferme selon ce qu’il seroict veu raisonnable en justice et selon le bon plaisir de mondit seigneur et de madite dame ... ».
Salmon de Lanjamet sieur du dit lieu et Guillaume Le Vavasseur sieur de Pontilly se portèrent caution de Jacques Halna. L’acte précise que la ferme fut tenue par Olivier de Tronguidy « aux dix ans finis le 1er juillet 1593 » (ce dernier étant décédé au cours de celle-ci).
Aux conditions générales de la ferme furent spécifiées à Jacques Halna et ses associés, diverses modalités particulièrement bien définies. Ainsi : « Auquel bail furent adjoutez et augmentez la juridiction, fruictz, revenuz, esmolumentz, rentes par grains, deniers, chappons, droictz de mengiers, four a ban avecq son distroict d’hommes et suniectz de Sainct Martin avecq tout ferme droict de juridiction tout ainsin que en ont jouy et du droict de le faire les prieurs du dict Sainct Martin ; la dicte juridiction ayant este acquise par mondict seigneur et de ses deniers par le dit Tronguidy.
Les fiefz, revenuz et esmolumentz appellez les fiefz du Bois Visdelou scittuez en Hillion, qui furent venduz par le sr de la Ville Vollette et racquictez par puissance de fief par mondict seigneur et de ses deniers par le dict Tronguidy.
Les jardins, vergiers et prez du Champ à l’avoir qui furent aultres foiz au sieur de Crenan.
Les jardins de Lanjouan, ce que en jardrinne et a charge de conserver Nouel Rouxel a presant jardrinier, desquelz jardrins, vergiers et prez cy dessur comme en jouist le dict Rouxel, mondict seigneur se pourra rensaesir en tous endroictz de la dicte ferme pour son plaisir, en rabatant aux fermiers la somme de trante trois escuz et tiers d’escu, sans qu’ilz puissent par mondict seigneur estre baillez a aultres au preiudice des dictz fermiers.
De mesmes entreront en la dicte ferme les fiefz, juridictions, rentes par grains, deniers mengiers, dismes et toutes especes de rentes deues par cause des fiefz de Peillac s’extendant sous les juridictions de Lamballe et Moncontour, tant en proche que arriere fiefz au desir du retraict et contract en faict d’avecq Franczois Rouault escuier sr de la Garde. Duquel ilz ont este retirez par puissance de fief et en cas de trouble et que les dictz fermiers n’en pourroient jouir par le fait du dict seigneur sera rabattu pour les non jouissances par chaincun an, trante trois escuz et tiers d’escu.
Aussi entreront en la dicte ferme les grandz moullins a bled et a fouller de l’estang et chaussee du Pont Neuf (Note personnelle : ils en avaient été exclus pour la ferme de 1588), droictz de pescheries et toutz aultres esmolumentz en deppandantz.
Les rentes censies deues en la parrouesse d’Erqui de ce que s’en paye sans prejudice de l’oultre plus et de le faire porter au sergend feode de la dite parrouesse.
Les rentes et droictz esligez et eslargyz par la tenue des hommaiges pour en jouir de ce que s’en trouvera a l’avenir.
Durera la dicte ferme seix ans commanczant au premier jour de juillet que l’on comptera mil cinq cens quatre vingtz quatorze et finira a pareil jour les dits seix ans revoluz.
Seront tenuz les adjudicataires de payer toutz gaiges d’oficiers de justice et forestier des gaiges acoustumez.
Feront la diligence et poursuilte de toutz proces de crimes et punition de malfaicteurs de quelques delictz que ce puissent estre ou le procureur de la juridiction sera partye jusques a entiere execurtion des jugementz des courts souveraines et provostz des mareschaulx ou leurs lieutenantz sans qu’ilz puissent pretandre aucun rabeix sur le pris de la dicte ferme et jouiront des confiscations mobillieres, comme dict est. Lesquelz prisonniers, ilz seront tenuz nourir en touttes prisons requises sans aune diminution ny rabeix de pris de la dite ferme.
Entretiendront en bonne et deue reparation les mestairies, halles, moullins, fours, pontz et mesmes les escuries du jeu de paulme, ausquelles a presant est le marché pour raison de l’injure de temps par ce qu’il leur seront baillez par proces verbal en bonne et deue reparation et pourront assenser et disposer des dictes escuries a toutz marchandz de touttes especes de marchandyes qu’ilz se traficquent pour icelle meptre a couvert comme la halle du dict Lamballe et mesmes touttes aultres reparations requises en la dicte seigneurye, randeront les assouchemantz des moullins ainsin et de la mesme valleur que leur seront baillez.
Ne pourront recepvoir ventes n’y composer de rachaptz sans avoir este premieremant les contractz communicquez et apparuz au procureur de la jurisdiction et les minuz luy presantez pour la conservation des droictz de la dite seigneurye. Desquelz minuz les fermiers auront communicquation par les mains du dict procureur qu’en demeurera chargé pour les randre et mettre aux chartes de la dicte seigneurye.
Comme aussy seront tenuz les dictz fermiers, d’an en an, de la dicte ferme faire tenir compte aux sergendz tant feodaux que baillaigiers de la dicte seigneurye, quelz seront renduz au dict procureur et les deductions adjugees ausdits fermmiers pour s’en faire payer par les voies et contrainctes portees ausdites deductions.
Ne pourront les dictz fermiers avoir ny faire faire aucunes couppes de bouais soient taillifz, hault bouais, buissons ni touttes aultres especes ni mesme avoir ny s’attribuer aucunes cheistes et bris des dictz bouais avis demeureront en la libre disposition du dict seigneur.
Comme aussi s’est reserve et reserve le dict seigneur, touttes presantations de benefices deppendantz de la dite terre, provisions d’estatz et officiers soient de juges, notaires, procureurs, sergendz ou aultres.
Seront baillez les bestialz et maneix des mestairies ou il y en a par prisaige et faict description de l’estat des terres a l’entree de la dicte ferme et a l’issue dicelle seront tenuz les randre de pareille valleur et mesmes compost et jouiront de boais pour estoupper les terres en la forme acoustumee.
Poyront le pris de la ferme a deux termes par moictye. Scavoir aux termes de Nouel Nativité de Nostre Seigneur et sainct Jan Baptiste, a commancer le premier payement au terme de Nouel que l’on comptera mil cinq cens quatre vingtz quatorze et continuer aux aultres termes de chaincunes annees ensuyvant, entre les mains des tresoriers, commis ou aultres deputez par mondict seigneur et saesyz d’acquictz et pouvoirs vallables soict de mondict seigneur ou de ses dictz tresoriers en ceste ville de Lamballe. Auquel lieu, en cas de retardemant et oultre les interestz de mondict seigneur, les dictz fermiers seront tenuz de defrayer ceux qui en seront envoiez pour la recepte des dits deniers sans aultre moien ni mistere de justice.
Pareillement paieront les dictz fermiers adjudicataires cinquante livres tournois vallantz saeze escuz deux tiers par chaincun terme de sainct Jan Baptiste, a Ysabeau Hucher lieutenante d’Aspremont et cinquante aultres livres par demye annee qui seroict huict escuz tiers pour chaincun terme, comme est cy devant dict, a Franczoise Testu concierge du chasteau de Lamballe dont leur sera faict rabeix par chaincun des dits termes en rapportant acquictz vallables des dites Hucher et Testu.
Tiendront en la fin de la dite ferme, ung estat en forme de compte des paiementz du pris de la dite ferme ensemble de l’accomplissemant de toutz les poinctz et charges cy devant mentionnez et l’accomplissemant des poinctz payemant et entiere execution dicelle. Bailleront bonnes, suffizantes et solvables cauptions deubmant certifiees et les dictz adjudictaires, cauptions et certificateurs s’obligeront solidairemant sans aucune discution et par corps pour estre constituez prisonniers la part qu’il plaira audict seigneur ou ses agentz, les faire constituer et pourront neanltmoins faire proceder par execution, saesye et subhastion des meubles et immeubles des dits coobligez sans que l’une execution puise retarder ny empescher l’aultre et renunczeront a tous aultres dellaiz et subterfuges et a toutz aultres empeschemantz qui pourroyent retarder l’execution de la dite ferme, pour l’execution de laquelle ilz esliront procureur et chouaisiront de mention ensemble un seul procureur et mension cheix luy.
Renunczeront les dictz adjudicataires et coobligez a tous cas fortuit de peste, famine, guerre et aultres semblables.
Et aux poinctz, charges, conditions, reservations et renunczyz cy devant, le dit seigneur garantira de son droit et faict pour la jouissance de la dite terre ... »
L’acte est signé de Claude Fénice notaire et greffier d’office de cette cour de Lamballe (A.D.22, 1 E-78, pièce papier de 7 feuillets).
Concernant cette ferme il existe en annexe deux autres pièces : l’une datée 21 août 1593 consistant en un extrait d’une lettre de Madame de Merceur rédigée et signée du notaire Claude Fénice et concernant « la baillée et solution de la ferme » (AD22 1 E-78, pièce papier un feuillet recto verso). L’autre également datée du 21 août 1593 et signée Claude Fénice, est nommée « Extrait des intitulés des mémoires énoncés par le procureur fiscal touchant la ferme de la seigneurie de Lamballe » (AD22 1 E-78, pièce papier de 2 feuillets).
Jean Le Forestier
La précédente ferme n’eut qu’une existence éphémère, probablement par cause de défaillance (le mot « juridiciel » semble confirmer cette possibilité), aussi dès l’année suivante elle est à nouveau baillée.
Le 1er mars 1594 fut adjugé la ferme de la terre de Lamballe à écuyer Jean Le Forestier sieur de Licellion (Hillion), pour quatre années commençant le 1er juillet 1594, moyennant la somme de 8426 livres par an. Cette adjudication fut faite « juridiciellement » par Guy de Lesmelleuc le procureur fiscal de Lamballe, agissant selon les lettres du duc de Mercoeur datées des 27 novembre 1593 et 10 février 1594, en réponse à l’énoncé des articles prévus pour la présente ferme. C’est alors que le procureur fiscal fit publier les bannies organisant les enchères. Les dites bannies furent faites « tant en l’eglise Monsieur sainct Jan de ceste ville de Lamballe, en l’endroict du prosne des grandes messes dominicales y dictes et celebrees aux deux dimanches derniers vingtiesme et vingt septiesme jours du moys de feubvrier dernier par missire Guillame Lhostelier, l’un des recteurs de l’eglise de Nostre Dame de ceste dite ville, que mesmes par Me Estienne Le Maistre l’un des sergendz de ceans aux deux jeudy dix septiesme et vingt quatriesme du dit moys de feubvrier jours de marché en ceste dite ville tant sur le grand martray dicelle au lieu acoustume a faire pareilles bannyes et proclamations que au dit marché tenant les dits jours de jeudi a rayson du temps d’hostilité et de guerres, pres le jeu de paulme et rue de la Garde, forsbourgs de ceste ville. Et pour la validitté des dites bannyes et assignations du dit bail, le dit sieur procureur a faict comparution des dits Lhostelier recteur et le dit Le Maistre sergend, lesquelz cy presantz a la requeste du dit sieur procureur par serment sommairement et separement interroguez ont verifye et attesté par leurs dits serments avoir faict les dites bannyes et assignations du dit bail a ferme pour estre faict a ce dit jour. Scavoir le dit Lhostelier a la dite eglise en l’endroict du prosne des grandes messes dominicalles y dictes et celebrees ausdits deux derniers jours de dimanches et le dit Le Maistre sergent ausdits deux jours de jeudy aussy derniers, tant sur le dict martray de ceste dite ville, a son de tambour que au dit lieu et endroict ou se tient a presant le marché hors ceste ville, comme il est contenu et raporté aux certificatz et relations des dites bannyes des dits Lhostelier et Le Maistre presantement ... ».
Dans sa présentation le procureur fiscal fait état des propositions de ferme faites par Jean Le Bottey sieur de Montgaultier, de Me Etienne Gruau sieur de la Garde et de Jean Morel sieur de la Ville Neufz. Le Bottey proposa 8500 livres par an, Morel et Gruau quant à eux mettaient 8250 livres. Jean Le Bottey malade se fit remplacer par son fils Jacques et était représenté en la circonstance par Me Pierre Derlot et Me Guillaume Le Sage, ses avocat et procureur tandis qu’Etienne Gruau se faisait assister de Me Julien Cades son procureur.
Après avoir mentionné les mêmes articles conditionnant la ferme que dans celle du 19 avril 1593 (voir supra ferme précédente), Guy de Lesmelleuc organisa les enchères en mettant la ferme au prix de 8310 livres. Avant l’épreuve de la chandelle, il y eut rétractation de Jean Le Bottey qui prétendit par la voix de ses représentants n’avoir jamais mis la somme de 8500 livres quant aux deux autres enchérisseurs, ceux-ci maintenaient la somme de 8250 livres. C’est alors que Morel proposa 8350 livres ; Le Forestier, 8400 livres ; Morel, 8410 livres enfin la ferme resta à Jean Le Forestier pour 8426 livres. Finalement le montant de la ferme fut estimé en écus soleil soit 2805 écus 2/3, payables aux termes déjà évoqués ; acte signé de Bigrel notaire. A la suite l’acte de ratification du 27 avril 1594, fait « au logis de Monseigneur » à Nantes, avec la signature de Ph, Emanuel de Loraine et de deux notaires royaux dont Guihard ; est également joint le jugement rendu à l’audience de Lamballe du 19 avril 1594, portant l’enregistrement de cette ratification de la nomination des experts pour le procès verbal des bâtiments, signé de Bigrel (AD22 1 E-78, pièce papier de 17 feuillets ; pièce papier de 11 feuillets).
Jean Le Bottey
Le renouvellement du bail précédent présenta quelques difficultés lors des publications en début d’année 1597. En effet
On ne sait pour quelle raison, cette même ferme se trouva caduque au vu d’un nouvel acte faisant mention du même adjudicataire mais qui précise que la durée passa de 4 à 5 années et le montant de 8000 à 8420 livres :
Jean de Tronguidy
Le 8 janvier 1602 la ferme de la seigneurie de Lamballe fut consentie par Louis Péchin intendant des duc et duchesse de Mercoeur, pour six années, à Jean de Tronguidy sieur de Jaigu, demeurant à Pleneuc (Pléneuf), moyennant la somme de 2223 écus un tiers d’écu par an (soit 7000 livres) aux deux termes précités. Cet acte reprend les mêmes articles conditionnant la ferme qu’aux précédents. La solvabilité de l’acquéreur et de son épouse fut vérifiée par François du Fay sieur de Quilher et de la Ville Brexelet (Pléneuf) agissant comme priseur et demeurant au dit lieu de Quilher en Quessoy. Pour l’occasion Pierre Péchin était domicilié au château de Lanjouan tandis que les dits sieur et dame de Jaigu ainsi que le sieur de Quilher résidaient « en la demeurance de Me Pierre Le Maignan ». Cet acte fut fait et groyé à Lamballe, la maison du Lyon d’Or de cette ville et signé de Lemaignan notaire royal et de d’Andigné notaire. On y a joint un acte dérogatoire à la clause générale de garantie, daté du même jour et l’acte de cautionnement du 27 décembre 1607 (AD22 1 E-78, pièce parchemin, 3 feuillets).
Jean de Tronguidy sieur de Jaigu était le fils ou un parent de l’ancien receveur et fermier Olivier de Tronguidy et de Jeanne Bricquet. Il épousa Jacquemine Le Metaër (probablement de la paroisse de Planguenoual). Comme il est précisé dans l’acte ci-dessus le couple habitait Pléneuf. La situation du lieu-dit Jaigu reste inconnue par contre lors des cérémonies de baptêmes à Pléneuf, le couple est parfois présent au titre des parrainages. Lors du baptême de Marc Sohier, fils d’André et de Catherine Chesnay, le 25 avril 1608, Jean de Tronguidy est nommé sieur de la Noë ce qui laisse probablement supposer que le couple résidait en cette maison située au bourg (en face de la poste actuelle). Quant à Jacquemine Le Metaër, son nom figure à maintes reprises au bas des registres de baptêmes de la paroisse de Pléneuf.
Avant d’aborder la série des comptes, il s’avère nécessaire de rappeler le souvenir d’un personnage important de la gouvernance de Marie de Beaucaire, Guillaume de Bruc sieur de la Vieillecourt, qui fut son secrétaire personnel et à qui elle donna vers 1568, la charge de Grand Maître des Eaux, Bois et Forêts de Penthièvre ; office créé par Sébastien de Luxembourg le 18 janvier 1567 (AD22 1 E-47 ; concernant la création de l’office, le parchemin pérsente une signature de Sébastien de Luxembourg). Sa signature de secrétaire orne les actes de Marie de Beaucaire dans toutes les décisions de cette dame où il apparaît dès 1572 (voir infra). Plus tard, le 15 avril 1585, il lui fut donné pouvoir par le duc de Mercoeur, de vendre et d’aliéner à rachat perpétuel les greffes des seigneuries de Lamballe et de Moncontour, et telle partie du duché de Penthièvre qu’il voudra, jusqu’à concurrence de 20.000 écus (AD22 1 E-9). La famille de Bruc, connue depuis le XIème siècle, et une des plus anciennes familles de chevalerie bretonne, qui emprunta son nom à une seigneurie de la paroisse de Guéméné-Penfao (INSEE 44067). Guillaume de Bruc, sieur de Vieillecourt et des Guilliers était l’un des fils de de Jean I de Bruc et de Jeanne Levesque de la Sillandraye. Ces derniers eurent au moins cinq enfants dont Guillaume, François, auteur de la branche d’Estrieux (infra), Jeanne, fille d’honneur de la duchesse de Penthièvre, qui la maria, en 1576, à Guy de Lesmelleuc (Kerviler, R., Biobibliographie Bretonne, 1893, rééditon 1978, t. 4, p. 13-14). Guy de Lesmelleuc fut un personnage important de la seigneurie de Lamballe dont il était le procureur fiscal. Guillaume de Bruc fut élevé près de Jean de Bretagne, duc d’Etampes, qui le donna pour secrétaire et intendant à son neveu Sébastien de Luxembourg, duc de Penthièvre et vicomte de Martigues. Il reçut en cette qualité, une gratification de 100 écus d’or des Etats « en récompense de services qu’il a rendu à la province étant à la suite du dit seigneur » (AD35 C 2858). Il avait épousé Guyonne Le Courvaisier en 1566. Il décéda à Paris, à l’hôtel de Mercoeur, le 21 mars 1587 et fut inumé dans l’église de Saint-Yves où il avait fait une fondation (Kerviler, op.cit., p. 14).
Un autre personnage figure également dans ces comptes. Il s’agit de François de Bruc sieur des Guilliers, ayant en charge d’examiner un compte de Marie de Beaucaire, à Nantes, en décembre 1578 et se déclarant alors « conseiller du Roy et son secrétaire et auditeur des comptes en Bretagne » (AD22 1 E-85). Frère du précédent, il fut député en 1575, pour aller saluer à Lyon le roi Henri III, revenant de Pologne et assister à Reims à son sacre, puis en 1580 à Ploërmel pour la réformation de la coutume. Ayant suivi le duc de Mercoeur au siège de Vitré, il mourut à Fougères le 27 août 1589. De Madeleine Soulleau de la Grée, qu’il avait épousé en 1569, il laissa sept enfants (Kerviler, op.cit., p.16).
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