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Hommage à François Kerlouégan

mercredi 30 mai 2018, par secretaire

François Kerlouégan est décédé à 76 ans le dimanche 22 novembre 2009 à Couchey (Côtes-d’Or) où il a passé une grande partie de sa vie ; ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé et docteur es Lettres, il a enseigné à l’Université de Bourgogne (Dijon) puis à l’Université de Franche-Comté (Besançon). Sa thèse soutenue en 1977 et publiée dix ans plus tard sur Les destinées de la culture latine dans l’île de Bretagne au vie siècle : Recherches sur le De excidio Britanniae a fait de lui l’un des meilleurs spécialistes de la langue latine et de l’hagiographie des pays celtiques. À l’occasion de son départ à la retraite en 1994, ses collègues lui ont offert un volume de mélanges qui illustre la diversité et la richesse de ses centres d’intérêt. Après le colloque du xve centenaire de l’abbaye de Landévennec en 1985, il a été l’un des fondateurs du CIRDoMoC, à la présidence duquel il a succédé au professeur Pierre Riché jusqu’en 2004. Chacun se souvient du tact et de l’humour bienveillants avec lesquelles il animait les journées d’études de l’association, auxquelles il a toujours été assidu.

Souvenirs de Pierre-Yves Lambert, qui le connaissait depuis presque 40 ans

Triste nouvelle.

Kerlouégan était de ces vieux professeurs cultivés, bienveillants, et un peu railleurs, qu’il était réconfortant de retrouver chaque année à nos réunions. Lui et moi, nous nous connaissions depuis très longtemps, car j’étais encore élève à l’ENS quand je l’avais rencontré aux sessions d’Aussois, une rencontre annuelle entre latinistes du secondaire et du supérieur, une sorte de mini-colloque pour la formation continue des professeurs du secondaire (en linguistique générale, en grammaire comparée et en linguistique des langues anciennes). Cela devait être en septembre 1971 ! Nous avions même publié ensemble une description abrégée du vieil-irlandais, issue d’une conférence délivrée à l’une de ces sessions. Ensuite nous nous sommes revus régulièrement aux réunions de la société de linguistique de Paris - il devait aller encore à d’autres réunions de sociétés savantes (société des études latines, des études grecques), dont je n’étais pas membre. Par ex. il est resté très longtemps fidèle aux réunions du séminaire de Jacques Fontaine, le samedi matin. - Mais il n’était pas moins fier d’appartenir à la confrérie de saint-Vincent de Couchey (ou de Marsannay-la-Côte, c’est à vérifier). Son intérêt pour les langues celtiques était ancré dans les terroirs, et commençait donc par l’inscription gauloise de Couchey, maintenant au Musée archéologique de Dijon. Il me posait volontiers des questions sur mes recherches - car il regrettait de n’avoir pas pu se spécialiser vraiment dans les langues celtiques : il s’était surtout attaché à l’exploration de la culture latine des Bretons. Spécialiste du latin des Bretons (à commencer par les grands Bretons), il a découvert plusieurs procédés stylistiques caractéristiques de la prose latine des Bretons.

On se souvient de sa présidence débonnaire à nos réunions du CIRDoMoC, ses remarques pleines d’humour montraient qu’il savait détendre l’auditoire quand il le fallait : il sentait très bien le mot qu’il fallait dire. Maintenant son humour légendaire et sa sociabilité inaltérable ne doivent pas faire oublier qu’il a souffert comme nous tous de certaines déceptions personnelles : par exemple, il ne comprenait pas que sa thèse sur Gildas ne fût pas mentionnée par les spécialistes britanniques. Le nombre des contributions dans les Mélanges qui lui furent offerts, à Besançon en 1994, dit assez combien il était apprécié par ses collègues. D’ailleurs un examen de tous les comptes-rendus qu’il a écrits, ici et là, (en particulier dans le BSL) confirmera l’image que j’ai gardée de lui : celle d’un sage, et d’un homme d’une grande bonté.

Pierre-Yves Lambert - 24 nov 2009

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